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DEVENIR MERE : un voyage psychique et corporel
Donner naissance : bien plus qu’un événement médical
« Naître au monde est d’une épuisante splendeur », écrivait Édouard Glissant.
Et pourtant, dans nos sociétés occidentales, la naissance est souvent abordée avant tout sous l’angle médical, sécuritaire, technique.
Si cette médicalisation a permis de réduire considérablement les risques vitaux, elle a aussi progressivement éloigné les femmes de l’expérience sensible, instinctive et profondément humaine de l’accouchement.
Donner naissance n’est pas seulement faire naître un enfant. C’est vivre un passage corporel et psychique majeur.
La médicalisation de la naissance : un tournant historique
Pendant des siècles, la naissance était une affaire de femmes. Les savoirs se transmettaient entre mères, matrones, sage-femmes, communautés.
À partir du XVIIe siècle, avec l’essor de la médecine moderne et l’invention des forceps, l’accouchement devient progressivement un acte médical, majoritairement pris en charge par des hommes, dans des lieux hospitaliers.
Cette évolution a permis de sauver des vies.
Mais elle a aussi véhiculé un message implicite puissant :
accoucher serait dangereux,
le corps féminin serait défaillant,
la naissance devrait être contrôlée.
Accoucher : une expérience profondément psychocorporelle
L’accouchement mobilise avant tout le cerveau limbique, siège des instincts, des émotions et des mécanismes hormonaux.
Pour que le travail puisse se faire de manière fluide, le néocortex (la pensée rationnelle, l’analyse, le contrôle) a besoin de se mettre en retrait.
C’est pourquoi :
- un environnement sécurisant,
- une sensation d’intimité,
- la diminution des stimulations extérieures,
- la confiance
jouent un rôle fondamental dans le déroulement de l’accouchement.
Lorsque le mental prend trop de place, le corps peut se contracter, ralentir, se bloquer.
La naissance comme passage initiatique
Accoucher, c’est souvent traverser :
- une perte de repères,
- une confrontation à la douleur,
- parfois à la peur de mourir,
- à des mémoires anciennes, conscientes ou non.
C’est une transformation identitaire profonde. La femme qu’on était avant n’est plus tout à fait celle qu’on devient après. Cette traversée peut laisser des traces durables, positives ou douloureuses, dans la relation à soi, à l’enfant, au monde.
Pourquoi un accompagnement psychocorporel à la naissance ?
De nombreuses préparations à la naissance évoquent la dimension psychique de l’accouchement… sans toujours donner d’outils concrets pour l’explorer.
Un accompagnement psychocorporel permet :
- de se relier au corps et à ses sensations,
- d’apprivoiser la peur,
- de restaurer la confiance,
- de soutenir le passage émotionnel et identitaire,
- de préparer non seulement l’accouchement, mais le devenir-mère.
En conclusion
Donner naissance est une expérience extra-ordinaire. Un voyage qui engage le corps, la psyché, l’histoire personnelle et transgénérationnelle.